Santé au travail : La quête de sens, un enjeu majeur pour les employés, selon Philippe Goj

Le droit des employés sur la santé au travail, selon Philippe Goj

Dans un monde professionnel en constante évolution, la quête de sens au travail est devenue un enjeu crucial pour les employés. Selon Philippe Goj, président du Centre de médecine du travail et de santé au travail (CIAMT), cette recherche de sens est indissociable du bien-être et de l’épanouissement des travailleurs. À l’heure où le stress et l’épuisement professionnel sont des préoccupations majeures, donner un sens à son travail peut être un puissant levier pour préserver la santé mentale et physique des employés.

Un travail épanouissant, source de motivation et de bien-être

Nombreuses sont les études qui soulignent l’importance de trouver un sens à son travail. Une étude menée par Gallup en 2022 a révélé que les employés qui ressentent un fort sentiment d’appartenance et de contribution à leur entreprise sont 7,8 fois plus engagés et 3,6 fois moins susceptibles de quitter leur emploi. Philippe Goj souligne que lorsque les employés perçoivent leur travail comme une source de développement personnel et de contribution positive à la société, leur motivation et leur bien-être s’en trouvent renforcés.

Selon une enquête réalisée par l’Université de Chicago en 2020, les employés qui estiment que leur travail a un impact positif sur la société sont deux fois plus susceptibles de déclarer un niveau élevé de satisfaction au travail. De plus, ils présentent des taux d’absentéisme et de roulement du personnel inférieurs de 25% par rapport à la moyenne. Ces chiffres soulignent l’importance cruciale de permettre aux employés de donner un sens à leur travail pour favoriser leur engagement et leur rétention.

Voici une vidéo relatant la responsabilité de l’entreprise sur la santé au travail :

Le défi de la reconnaissance et de l’autonomie

Cependant, créer un environnement de travail propice à la quête de sens n’est pas une tâche aisée. Selon Philippe Goj, les employeurs doivent accorder une attention particulière à la reconnaissance du travail accompli et à l’autonomie des employés. Une enquête de l’OCDE en 2021 a montré que près de 40% des travailleurs estiment ne pas recevoir suffisamment de reconnaissance pour leur contribution. De plus, 32% déclarent avoir un faible niveau d’autonomie dans leur travail, ce qui peut entraver leur sentiment d’accomplissement personnel.

Philippe Goj explique que le manque de reconnaissance peut saper la motivation et le sentiment d’appartenance des employés. Il est essentiel que les employeurs mettent en place des systèmes de reconnaissance formels et informels, valorisant les efforts et les réalisations de chacun. De même, l’autonomie est un facteur clé pour permettre aux employés de s’épanouir dans leur travail et de s’approprier leur contribution.

La communication et la transparence, clés de la quête de sens

Pour relever ce défi, Philippe Goj préconise une communication ouverte et transparente entre les employeurs et les employés. Il est essentiel de favoriser un dialogue constructif sur les valeurs et les objectifs de l’entreprise, afin que chacun puisse s’y identifier et y trouver un sens profond. Une étude de l’Université de Californie en 2019 a démontré que les entreprises qui communiquent efficacement leur mission et leurs valeurs enregistrent des niveaux de productivité et d’engagement supérieurs de 21% par rapport aux autres organisations.

Philippe Goj souligne également l’importance de la transparence dans la prise de décision et la gestion des changements organisationnels. Lorsque les employés comprennent les raisons qui sous-tendent les décisions et les évolutions de l’entreprise, ils sont plus à même de les accepter et de les soutenir. Une enquête menée par Deloitte en 2021 a révélé que 73% des employés déclarent avoir plus confiance dans une entreprise transparente sur ses objectifs et ses défis.

Favoriser l’épanouissement personnel et l’équilibre vie professionnelle-vie privée

Au-delà de la reconnaissance, de l’autonomie et de la communication, Philippe Goj insiste sur la nécessité de permettre aux employés de s’épanouir sur le plan personnel et de trouver un équilibre sain entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Selon une étude de l’Université de Stanford en 2022, les employés qui bénéficient de programmes de développement personnel et de mesures favorisant la conciliation travail-famille affichent des niveaux de stress inférieurs de 18% et une productivité supérieure de 11% par rapport à la moyenne.

Philippe Goj encourage les entreprises à proposer des initiatives telles que des formations, des programmes de mentorat, des activités de bien-être et des horaires flexibles. Ces mesures permettent aux employés de se sentir soutenus dans leur épanouissement personnel et professionnel, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance et leur engagement envers l’entreprise.

La quête de sens au travail est un enjeu crucial pour le bien-être et la performance des employés. En créant un environnement propice à la reconnaissance, à l’autonomie, à la communication transparente et à l’épanouissement personnel, les entreprises peuvent favoriser l’engagement et la motivation de leurs équipes. Comme le souligne Philippe Goj, investir dans cette quête de sens n’est pas seulement bénéfique pour les employés, mais également pour la pérennité et le succès des organisations.

Héritage transfrontalier : Comment la loi française protège les enfants du défunt

L'héritage international

Dans notre monde interconnecté, les familles éclatées à travers plusieurs pays sont désormais monnaie courante. Une situation qui complexifie singulièrement la gestion des successions lorsque le défunt laisse des biens répartis dans différents États. Les enjeux juridiques et fiscaux deviennent alors un véritable casse-tête, en particulier quand des enfants mineurs sont impliqués. Heureusement, la législation française a prévu toute une batterie de mesures pour protéger au mieux leurs intérêts patrimoniaux dans ces dossiers potentiellement explosifs. Tour d’horizon de ces garde-fous essentiels.

La réserve héréditaire, un socle intangible

Avantage considérable pour les descendants directs, le code civil français leur accorde une réserve héréditaire inaliénable. Qu’importe les dernières volontés du défunt, ses enfants ou petits-enfants sont assurés de recevoir une part minimale de son patrimoine. Une quotité fixée à 50% s’il n’y a qu’un enfant, et aux deux tiers au minimum en présence de plusieurs descendants en ligne directe.

Voici une vidéo relatant ces faits :

“C’est un droit fondamental qui leur est garanti par la loi, que les tribunaux font respecter scrupuleusement, quel que soit le contenu du testament”, souligne Maître Brigitte Bouffier, notaire spécialiste des successions internationales.

Un filet de sécurité primordial lorsque le défunt, de son vivant, n’a pas suffisamment anticipé la protection de sa descendance. La réserve évite ainsi les situations ubuesques où l’enfant se retrouverait totalement dépouillé de son héritage au profit du conjoint survivant par exemple.

L’administrateur légal, un gage de bonne gestion

Mais qu’advient-il lorsque le bénéficiaire de ces biens est un mineur ? Le risque est alors que son patrimoine soit mal géré, voire dilapidé, faute de maturité et d’expérience à son jeune âge. Pour prévenir ces dérives, la loi mandate un tiers responsable : l’administrateur légal.

“C’est le plus souvent le parent survivant qui endosse ce rôle clé, mais il peut aussi s’agir d’un proche, voire d’un professionnel comme un notaire ou un avocat”, détaille Maître Bouffier. Quelle que soit sa qualité, sa mission est strictement encadrée par le juge des tutelles, qui exerce un contrôle étroit sur tous ses faits et gestes.  

En tant que gestionnaire de fait du patrimoine du mineur, l’administrateur légal ne peut engager aucune opération majeure (vente immobilière, placement financier, etc.) sans l’aval préalable du magistrat. “Il est tenu d’appliquer les règles d’une saine gestion, dans le seul intérêt du mineur. Un devoir de diligence absolue sous peine d’être révoqué”, complète l’experte.

Un régime qui fait autorité à l’international

Jusqu’ici réservées au droit interne français, ces protections produisent également leurs effets dans de nombreux autres pays, via les conventions bilatérales signées par l’Hexagone. C’est notamment le cas en Europe, mais aussi dans des territoires comme la Suisse ou le Québec.

Concrètement, même si le défunt était étranger, la réserve héréditaire et le régime de l’administration légale peuvent s’appliquer sur des biens immobiliers situés en France, voire sur le territoire de l’autre État partie à la convention. Une véritable avancée qui assure davantage de sécurité juridique aux enfants mineurs concernés.

Fiscalité du transfrontalier : un casse-tête persistant

En revanche, la dimension fiscale reste le point noir des successions à caractère international. En l’absence d’harmonisation globale du droit, la résidence du défunt et la localisation de chaque bien déterminent le régime d’imposition applicable.

“Si l’on prend l’exemple classique d’un Français détenteur d’une résidence secondaire en Espagne, ses héritiers devront normalement s’acquitter des droits de succession dans les deux pays”, illustre Me Bouffier.

Une complexité accrue par les spécificités nationales comme les abattements, les tranches d’imposition, voire l’existence ou non d’un impôt successoral… Sans compter les potentiels risques de double imposition, même si certaines conventions bilatérales permettent de les éviter.

Pour les mineurs, des avantages existent toutefois comme d’importants abattements, mais une stratégie patrimoniale amont est plus que jamais indispensable pour optimiser leur fiscalité.

L’Europe tente de défricher le maquis

Face à ce dédale juridique et fiscal, l’Union européenne entend faciliter la vie des familles transnationales. Entré en vigueur en août 2015, le règlement européen sur les successions vise à harmoniser les règles applicables au sein des 27 États membres (hors Royaume-Uni, Danemark et Irlande).

Finis les longs conflits de lois entre pays ! Le défunt, quelle que soit sa nationalité, peut désormais choisir librement le régime juridique régissant sa succession : loi de son pays de résidence habituelle, ou loi de son pays d’origine. Un principe de sécurité juridique accrue, à même de prévenir de nombreux litiges.

Autre avancée, le concept juridique de “résidence habituelle” prend le pas sur la seule nationalité pour déterminer le for compétent en cas de contentieux successoral. Un changement de paradigme protecteur pour les citoyens ayant réellement leurs intérêts et leur vie établis dans un autre pays.

Un progrès indéniable, même si certains juristes regrettent que le règlement ne tranche pas explicitement sur des questions épineuses comme les règles de réserve héréditaire. “C’est un premier pas, mais il reste encore des zones d’ombre à éclaircir pour une harmonisation aboutie”, nuance Me Bouffier.

Le sujet reste donc en chantier au niveau communautaire. Mais dans l’attente de nouvelles avancées, la législation française apparaît comme un rempart solide pour défendre les intérêts patrimoniaux des mineurs confrontés à une succession transnationale. Une protection juridique appréciable dans ces dossiers à hauts risques.

Droits des travailleurs : entre ombre et lumière, où se situent les protections ?

Le droit des travailleurs

À l’heure où les notions de travail et de protection sociale évoluent à un rythme effréné, il est crucial de s’interroger sur la situation des travailleurs à travers le monde.

Si certains pays offrent des conditions de travail décentes et une protection sociale solide, d’autres laissent les salariés dans une précarité alarmante.

Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les contrastes saisissants qui caractérisent la protection des travailleurs à l’échelle mondiale.

Des havres de paix aux zones de turbulences : le panorama des droits des travailleurs

Divers indicateurs permettent d’évaluer le niveau de protection des travailleurs.

Parmi les plus importants figurent :

  • La législation du travail : La force des lois protégeant les droits fondamentaux des travailleurs, tels que la durée maximale du travail, le salaire minimum, le droit aux congés payés et la sécurité au travail.
  • La présence de syndicats : Le taux de syndicalisation et la capacité des syndicats à négocier des conventions collectives et à défendre les droits des travailleurs.
  • Les systèmes de protection sociale : La qualité et l’accessibilité des systèmes de sécurité sociale, notamment l’assurance chômage, l’assurance maladie et les retraites.

Voici une vidéo relatant le droit des travailleurs :

En se basant sur ces indicateurs, un fossé béant se creuse entre les pays où les travailleurs sont les mieux protégés et ceux où ils sont les plus vulnérables.

D’un côté, on retrouve des nations comme la Suède, le Danemark et la Norvège, qui se distinguent par une législation du travail solide, une forte présence syndicale et des systèmes de protection sociale généreux.

Dans ces pays, les travailleurs bénéficient d’un environnement de travail sûr, d’une rémunération équitable et d’un filet de sécurité solide en cas de coup dur.

A l’autre extrémité du spectre, des pays comme l’Afghanistan, la Somalie et la République Démocratique du Congo affichent des niveaux de protection des travailleurs extrêmement faibles.

Dans ces régions, le travail informel est largement répandu, les droits fondamentaux des travailleurs bafoués et les systèmes de protection sociale inexistants ou inefficaces.

Facteurs à l’origine de ces disparités criantes

Plusieurs facteurs expliquent les disparités criantes en matière de protection des travailleurs.

Parmi les plus importants, on peut citer :

  • Le niveau de développement économique : Les pays plus développés disposent généralement de ressources et d’institutions plus solides pour mettre en place des politiques de protection des travailleurs efficaces.
  • Le contexte politique : La présence de gouvernements démocratiques et respectueux des droits humains est essentielle pour garantir la protection des travailleurs.
  • La mobilisation des travailleurs et des syndicats : La force des syndicats et leur capacité à mobiliser les travailleurs sont cruciales pour faire progresser les droits des travailleurs.
  • La mondialisation et les chaînes d’approvisionnement : La mondialisation et l’essor des chaînes d’approvisionnement internationales ont complexifié la protection des travailleurs, car les entreprises peuvent facilement délocaliser leurs activités pour échapper aux réglementations sociales strictes.

Un enjeu mondial et des défis à relever

La protection des travailleurs est un enjeu mondial qui nécessite une action concertée.

Les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises et les syndicats ont tous un rôle à jouer pour garantir que tous les travailleurs bénéficient de conditions de travail décentes et d’une protection sociale adéquate.

Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire pour que tous les travailleurs dans le monde soient traités avec dignité et respect.

La poursuite de la recherche et l’échange de bonnes pratiques entre les pays seront essentiels pour relever ce défi.

En conclusion, la protection des travailleurs est un sujet complexe et multidimensionnel qui varie considérablement d’un pays à l’autre.

Si certains pays ont fait de grands progrès en matière de droits des travailleurs, d’autres ont encore un long chemin à parcourir.

Il est essentiel de poursuivre les efforts pour garantir que tous les travailleurs, où qu’ils se trouvent dans le monde, puissent bénéficier de conditions de travail justes et d’une protection sociale adéquate.

Top 5 des livres à lire absolument pour les étudiants en droit

Paul Lignières présente les meilleurs livres de droit pour les étudiants

Les étudiants en droit ont le choix entre de nombreux livres lorsqu’ils cherchent à comprendre les systèmes juridiques qui définissent notre société. Des codes civils aux vocabulaires juridiques, il existe des centaines de textes et de romans qui peuvent donner aux aspirants avocats un aperçu du fonctionnement du droit et de la façon dont il affecte leurs communautés.

Dans cet article, nous allons explorer 5 livres de droit essentiels pour ceux qui cherchent à approfondir leur connaissance et leur appréciation des mécanismes complexes du droit dans la société moderne.

Le temps des juristes : Paul Lignières

Le livre de Paul Lignières, « Le temps des juristes », fournit une évaluation claire des leviers de croissance dont disposent les autorités publiques nationales et européennes en cette période de crise. En examinant le pouvoir législatif accordé aux États, Lignières encourage la réforme des politiques publiques en exploitant l’expertise et les connaissances des juristes. Plutôt que de s’en remettre simplement à des approches de politique économique qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour générer une croissance significative, Lignières insiste pour donner aux juristes une place de choix dans le débat public en dépassant leurs rôles traditionnels en matière de litiges ou de garantie des libertés publiques.

Voici une vidéo présentant ce brillant avocat :

Selon Lignières, l’Europe doit ses fondements aux juristes qui ont eu un rôle inestimable dans la création d’un cadre juridique permettant sa prospérité et sa stabilité. Les juristes ont servi de facteur d’influence pour les gouvernements qui souhaitaient réformer des politiques dépassées, comme celles liées à la fiscalité, au commerce, aux marchés financiers ou au droit du travail, en utilisant des méthodes juridiques telles que le droit des contrats ou les procédures administratives.

Cela peut être considéré comme une forme d’action gouvernementale « douce » qui est rentable et stimule l’activité économique sans créer de dettes supplémentaires ou d’autres coûts sur le budget de l’État. En outre, en apportant des changements basés sur des lois existantes que les juristes sont formés à comprendre et à interpréter, les politiciens peuvent faire passer des réformes rapidement tout en minimisant l’opposition politique des parties concernées.

Le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu

Le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu est une ressource essentielle pour tout étudiant en droit, offrant une collection complète de définitions et de terminologie juridiques. Pour les étudiants en droit, l’ouvrage est un outil précieux pour comprendre les lois et règlements complexes liés à leurs études. En outre, il peut être utilisé comme source de connaissances juridiques par tous les avocats et professionnels, en leur fournissant des informations détaillées sur les concepts clés du domaine. L’ouvrage a été largement salué par les universitaires chevronnés comme par les juristes débutants, devenant ainsi un guide de référence indispensable pour tous ceux qui souhaitent rester à jour en matière juridique.

Les livres de droit de Paul Lignières
Source : Pixabay.

À l’intérieur, les lecteurs trouveront plus de 1 500 pages de langage clair et d’explications recherchées par des experts qui rendent les sujets juridiques difficiles plus faciles à comprendre. Il couvre tous les domaines du droit, du droit privé au droit international public, ce qui signifie que chacun peut bénéficier de son contenu, quel que soit son domaine d’expertise. En plus de fournir des définitions précises, il comprend également des exemples de la façon dont chaque terme est appliqué dans la pratique.

En outre, chaque chapitre comporte des résumés utiles pour aider les lecteurs à identifier rapidement et facilement les points principaux. Ces caractéristiques font du Vocabulaire juridique un choix idéal pour tous ceux qui recherchent un aperçu complet de divers sujets juridiques sans avoir à naviguer dans des textes remplis de jargon ou des jurisprudences exhaustives.

Un Code civil à jour : L’outil essentiel pour chaque étudiant en droit

Comme tout étudiant en droit le sait, disposer d’un code civil à jour est essentiel à toute formation juridique réussie. Qu’il s’agisse du livre rouge Dalloz ou du livre bleu LexisNexis, se tenir au courant des changements en droit civil est primordial pour réussir son diplôme. Le droit civil touche à de nombreuses facettes du système juridique, allant des contrats et obligations aux lois sur la famille et les successions. Il est donc impératif que vous teniez votre exemplaire du code civil à jour des réformes et changements récents afin de pouvoir fournir une analyse approfondie des cas qui pourraient se présenter au cours de vos études.

Les livres de droit pour les étudiants selon Paul Lignières
Source : Pixabay.

Lorsqu’il s’agit de choisir une version du code civil, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, tels que l’exhaustivité du texte, sa facilité de lecture et le type de ressources de soutien disponibles lorsque vous essayez de comprendre des concepts compliqués. Par exemple, si vous optez pour le Livre Rouge Dalloz, vous aurez accès à un commentaire hypertexte en ligne sur chaque article ainsi qu’à des résumés supplémentaires des points clés et de la jurisprudence pertinente, ce qui peut s’avérer très utile lors de la réalisation de travaux ou de la préparation d’examens.

Comprendre la Constitution du 4 octobre 1958 : Guide pour les futurs juristes

La Constitution du 4 octobre 1958 est une étape importante dans l’histoire et le droit français. C’est le document fondateur qui a établi la Cinquième République, qui a marqué un changement important du gouvernement parlementaire à un système basé sur l’autorité présidentielle.

Cette constitution a mis en place la structure du gouvernement français et a défini les droits et les devoirs des citoyens et des institutions politiques. Elle prévoyait également un corps législatif bicaméral, le pouvoir législatif étant réparti entre l’Assemblée nationale, ou chambre basse, et le Sénat, ou chambre haute. En outre, il a établi les symboles nationaux de la France, tels que le drapeau tricolore et l’hymne marseillais, ainsi que les langues officielles telles que le français, l’anglais et l’allemand.

Les juristes en herbe doivent comprendre ce document de manière approfondie s’ils veulent se spécialiser dans le droit constitutionnel. Pour ce faire, il faut étudier assidûment son contenu, notamment les clauses relatives au pouvoir exécutif, à l’organisation administrative et aux fonctions judiciaires.

Les Carrés Rouges des Éditions Broché

Fondées en 1967, les éditions Broché offrent aux étudiants en droit une ressource inégalée pour les aider à apprendre l’essentiel de leur domaine de prédilection. Les carrés rouges proposés par cet éditeur sont un outil pratique qui permet aux étudiants d’emporter avec eux l’essentiel de leurs études de droit dans leur parcours.

Les livres de droit à lire selon Paul Lignières
Source : Pixabay.

Chaque livre est une synthèse concise, mais complète des bases nécessaires pour naviguer dans n’importe quel sujet juridique, du droit constitutionnel au droit des valeurs mobilières. Rédigés par des conférenciers compétents qui ont de l’expérience dans le domaine, ces livres fournissent un aperçu précis de toutes les questions juridiques que l’on rencontrera au cours de ses études.

Yassine Yakouti : l’interview vérité

Yassine Yakouti

L’avocat pénaliste parisien se confie dans une interview biographique sans langue de bois.

Comment et pourquoi tu es devenu avocat ?
Me. Yassine Yakouti

Je suis devenu avocat parce que petit, je parlais beaucoup et c’était une phrase qui revenait un petit peu dans la cour de récréation, dans les repas de famille : il sera avocat celui-là. Et ensuite, tout jeune, j’ai regardé un reportage sur Jacques Vergès et je voulais être avocat comme Jacques Vergès.

Ça voulait dire quoi en fait être avocat comme Jacques Vergès ?

Me. Yassine Yakouti

Ça voulait dire défendre envers et contre tous, ça voulait dire avoir le goût de la parole, ça voulait dire être l’avocat, celui lorsque ça ne va pas, il y avait… J’étais tout jeune, l’affaire Omar Raddad qui m’avait beaucoup choqué et c’était de me dire lorsqu’on est accusé, qu’on est dans une difficulté bornée, on est ce roc, celui qu’on appelle et puis il y avait des chansons, il y avait Jacques Vergès, je ne sais pas.

Qu’est ce qui est ta vie ? Alors c’était quoi cette affaire, Omar Raddad ? Et qu’est ce qui t’avait touché dans cette affaire ?
Me. Yassine Yakouti

Omar Raddad, c’était l’affaire du jardinier dans le sud de la France, l’affaire Omar Mathieu et c’était de mettre le meurtre de je crois madame Gillet Maréchal. Et ce jardinier marocain avait été impliqué et condamné principalement parce qu’il collait aux stéréotypes et il y avait cette question de l’erreur judiciaire. Je ne sais pas si ça a été tranché ou pas aujourd’hui, mais il y avait cette aura, cet avocat qui m’a fasciné.

Et du coup sur cette base, comment est-ce que tu t’orientes ?
Me. Yassine Yakouti

Sur cette base, je grandis, donc je suis plus haut deSeine et je suis au lycée Lakanal à Sceaux et pas très loin, il y avait une faculté de droit. Et ça me permettait de rester dans ma zone de confort et avec beaucoup de mes amis du lycée, on a tous été à la fac de droit de Sceaux. Un certain nombre qui sont aujourd’hui des amis, des confrères ou des magistrats. Mais voilà, je pense que j’ai eu de la chance d’être au bon endroit, au bon moment.

Et comment ça s’est passé une fois arriver à l’école de droit ?
Me. Yassine Yakouti

Une fois à la fac de droit, je travaillais en même temps, j’étais chauffeur livreur, puis chauffeur poids lourd. Je dois être un des seuls avocats à avoir mon permis poids lourds et ça s’est plutôt bien passé. Et de fil en aiguille, je ne veux plus été comme Vergès. Je me suis orienté puisque ça marchait plutôt bien vers le droit des affaires et donc j’ai eu un cursus à la faculté de droit, en droit des affaires et fiscalité internationale.

Qu’est-ce qui t’as intéressé dans le droit des affaires ?
Me. Yassine Yakouti

Ce qui m’a intéressé d’abord, c’était cette question d’avocat international, avocat des affaires. C’était extrêmement prestigieux, je le savais parce que ça recoupais aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui ont posé la question : qu’est-ce que ça veut dire commerce international ou droit international ? Il sera capable de vous répondre en pratique internationale. Mais voilà, il y avait ce mot, il y avait… je crois que si on additionne international, droit des affaires pour le petit garçon classe populaire que j’étais, c’était quelque chose de grand, de beau.

C’était des paillettes.
Me. Yassine Yakouti

Voilà, les paillettes.

Et du coup, est-ce que tu fais des stages puisque donc tu dis que tu es chauffeur poids lourd en parallèle de tes études ? Est-ce que tu as eu une découverte pratique du métier pendant que tu étais étudiant ?

Me. Yassine Yakouti

Pendant que j’étais étudiant, non, non, j’étais d’abord chauffeur poids lourd, puis après, je travaillais à la RATP. Et à la RATP, j’ai rencontré quelqu’un que j’apprécie beaucoup, qui est encore aujourd’hui un ami et qui m’a fait rencontrer en fin de licence une avocate, une consœur et j’ai fait mon premier stage dans la bibliothèque d’un grand cabinet d’affaires parisien qui s’appelle Baker McKenzie.

Attends, raconte-moi : du coup, cette rencontre à la RATP, c’était quoi ?
Me. Yassine Yakouti

Je travaillais en fin de deuxième année, j’étais chauffeur pour la RATP et j’ai rencontré un garçon, un ami, Thibault Guilluy, qui aujourd’hui est Haut-Commissaire aux entreprises solidaires. Et en discutant l’un et l’autre, je me rendais compte que même si je parle au début des années 2000, il n’y avait pas de réseau, il n’y avait pas Twitter, c’était toi et ta chance, les gens que tu rencontres sur le moment ou pas. Il n’y avait pas tous ces réseaux qu’on a aujourd’hui et qui sont très bien et c’était en réalité très intuitu personae. Donc je rencontre cet ami qui me dit : ben, j’ai une grande sœur qui est avocate, je ne savais même pas que ça existait des cabinets comme ça. Donc j’ai envoyé mon CV, j’ai acheté mon premier costume, ma première cravate et j’étais très content d’aller classer les livres dans la bibliothèque de ce cabinet d’avocats.

Mais attends du coup, cet ami, enfin, tu l’as rencontré à la RATV, mais il était chauffeur aussi ?
Me. Yassine Yakouti

Non.

C’était dans les bureaux ?

Me. Yassine Yakouti

C’était un partenariat qui a été fait avec une ONG dont qui s’occupait, qui s’appelait Sports Sans Frontières et il y avait un partenariat entre la RATP et Sport Sans Frontières.

Et qu’est-ce que tu faisais dans ce truc de Sport Sans Frontières ?

Me. Yassine Yakouti

On s’occupait d’organiser des chantiers internationaux pour les jeunes en difficulté, donc j’organisais avec Thibault, on a sympathisé en Inde, à Calcutta. Voilà, c’est une rencontre qui s’est faite dans un orphelinat à Calcutta.

C’est quoi un chantier au sens BTP ou un chantier au sens sportif ? Parce que du coup, tu me dis que c’est avec l’association Sport Sans Frontières.

Me. Yassine Yakouti

Alors pour revenir, moi je travaillais donc avec la RATP dans ce qu’on appelait à l’époque les… je ne sais pas si tu connais les blousons de bordeaux, autant c’était la médiation.

Non.

Me. Yassine Yakouti

C’était au début des années 2000, il y avait des jeunes filles et des jeunes garçons qui avaient un blouson bordeaux et qui mettaient en place de la médiation, de la discussion. C’était porté par une partie associative de la RATP. Et je m’occupais dans la ville ou j’ai grandi d’une association qui s’appelait ‘‘Gosses des rues d’ici et d’ailleurs’’ et l’idée, c’était de partir à l’étranger, au Maroc, au Kosovo, en Inde, avec des jeunes du quartier ou d’ailleurs qui avaient un certain nombre de difficultés et de faire un vrai chantier, par exemple construire une bibliothèque, construire un atelier, boulangerie, une école, un terrain de sport. Et c’est dans ce contexte-là que j’ai rencontré Thibaut Guilluy de Sport Sans Frontières.

À Calcutta, donc en Inde.

Me. Yassine Yakouti

Voilà !

Et tout ça t’a fait aboutir dans la bibliothèque de Baker McKenzie ?

Me. Yassine Yakouti

Exactement.

Et du coup, donc tu envoies ton CV à sa sœur avec un petit mot : je connais ton frère, on a fait un chantier ensemble. Je sais que vous êtes avocate, est-ce que je peux faire un stage avec vous ?

Me. Yassine Yakouti

Je pense que Thibault m’avait un petit peu recommandé auprès de Séverine Guilluy qui est une grande sœur qui a monté son cabinet depuis. Pour avoir été maman associée, enfin un parcours assez dont je suis assez admiratif. Séverine, tu nous écouteras et je te salue. Et j’ai envoyé mon CV à Séverine et qui l’a soumis au managing partner de l’époque. Et c’était un petit stage à la bibliothèque et j’étais très content dans les livres de droit et je m’étais quasiment… j’avais deux costumes qui se battaient en duel et je mettais mes plus beaux costumes pour aller ranger des livres poussiéreux et j’étais heureux.

Oui et après ça, tu dis que : est-ce que tu avais déjà la vision paillette du droit des affaires à ce moment-là ou est-ce que c’est aussi un peu venu avec ce stage ou tu dis que tu…?

Me. Yassine Yakouti

C’est venu, je me suis retrouvé à l’époque, ils étaient au 26 avenue Kléber, dans les beaux quartiers. Ça me paraissait incroyable et pourtant il y avait cette possibilité de voyager. Et il y avait aussi le challenge académique qui me plaisait dans le droit des affaires, c’est des études assez compétitives, on ne va pas se mentir. Et j’avais pris goût que cette forme de compétition et puis un succès, en amenant un autre, on se dit pourquoi pas ?

Et donc tu continues comme ça ?

Me. Yassine Yakouti

Donc j’ai continué ; après la bibliothèque de Baker Mackenzie, j’ai fait un stage chez eux dans leur département fiscalité, prix de transfert et j’ai continué mes études.

Oui, et tu rejoins l’école des avocats, j’imagine.

Me. Yassine Yakouti

Avant de rejoindre l’école des avocats, je fais une école de commerce, donc je fais l’Edhec à Nice. Je passe 1 an à Nice, je fais un stage dans une grosse boîte ici, je pars aux États-Unis.

Attends, attends, du coup, trop d’étapes. Qu’est-ce que tu retiens de cette année d’école de commerce ?

Me. Yassine Yakouti

Ce que je retiens, c’est des belles rencontres. C’est la construction d’un réseau, l’apprentissage de méthodes de travail qu’on n’avait pas à la fac ; à la fac, c’est un petit peu comme la plage dans Le soldat Ryan : tu commences tout seul et puis si tu arrives à ne pas prendre une balle, tu continues. Tu n’es quasiment pas encadré et puis tu es encadré par tes amis, par tes paires plus que par l’institution. Donc voilà l’école de commerce et des rencontres et ça permet de donner autre chose à son CV. Donc ça m’a permis de faire dans un premier temps un stage à Paris au groupe PPR Pinault-Printemps La Redoute qui s’est bien passé.

En droit des affaires aussi ?

Me. Yassine Yakouti

En fiscalité, oui, en droit des affaires. Et là-bas, j’ai rencontré l’ancien PDG du groupe qui était Serge Weinberg et qui m’avait dit je le croise au détour d’une photocopieuse et on échange, il me dit : qu’est-ce que vous faites là ? Il me dit : mais profitez, faites ce que vous voulez vraiment, qu’est-ce que vous voulez vraiment ? Et je rêvais d’aller aux États Unis, donc j’ai proposé à PPR de m’envoyer dans le cadre de mon année de stage à l’école de commerce aux Etats Unis et j’ai passé six mois d’abord dans la direction juridique internationale de PPR aux Etats-Unis.

Trop cool, tu es passé par cet ex dirigeant que tu as croisé à la photocopieuse ou tu… ?

Me. Yassine Yakouti

Non je suis passé par… j’ai envoyé mon CV, mon stage s’était très bien passé ici. Donc j’avais l’accord de mon n + 28, je ne sais pas, j’étais tellement bas que c’était n + 28. Et j’ai proposé, j’ai fait des entretiens avec la direction juridique Etats-Unis et voilà, c’était passionnant.

Et ça t’a plu ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais, terriblement.

Aux Etats-Unis.

Me. Yassine Yakouti

J’avais 24 ans, 23 ans et je me suis retrouvé d’abord à Chicago, puis à Indianapolis.

Pourquoi tu as changé ?

C’était prévu comme ça dès le départ ?

Me. Yassine Yakouti

C’était prévu comme ça dès le départ et puis c’est à 250 kilomètres, en fait, c’est la même zone, c’est le Midwest Great Lakes.

Oui, oui. Chicago, c’est plus sexy qu’Indianapolis non ?

Me. Yassine Yakouti 

Au final, je préfère Indianapolis.

Ah oui ?

Me. Yassine Yakouti

Je te dirais plus tard, mais je suis revenu et j’ai passé plus de temps à Indianapolis et j’aime beaucoup cette ville.

OK. Non, mais c’est intéressant.

Me. Yassine Yakouti

J’aime bien l’Indiana.

OK. Et du coup, tu rentres au bout de ces six mois aux États-Unis. Tu as 24 ans, dans ton école de commerce.

Me. Yassine Yakouti

Voilà, j’ai fini mon… moi, je suis un vieux, j’ai fait un DESS. Donc j’ai fini mon DESS, c’était la dernière année avant que ça s’appelle Master. Je me rappelle que je trouvais cette appellation dégradante de me dire : non, je vais faire un DESS. Aujourd’hui, ça paraît, ça fait comme les Bac C, je trouve que ça fait ancien quoi. Et bien, j’ai fini mon troisième cycle et que j’ai passé l’examen, j’ai passé un été en venant à la bibliothèque François Mitterrand et à la bibliothèque Sainte-Geneviève à réviser l’examen d’entrée au CRFPA.

Ouais, que tu… ?

Me. Yassine Yakouti

Que je…

Félicitations !

Me. Yassine Yakouti

Donc après je suis parti à Versailles, à l’Ecole d’avocats de Versailles.

OK. Versailles, parce que tu vis encore dans le Sud ou tu étais… ?

Me. Yassine Yakouti

Parce que je vivais dans le Sud et que j’avais passé à Livégitso à nouveau qu’elle était rattachée à Versailles.

Et là, stage final, tout se passe bien ?

Me. Yassine Yakouti

Tout se passe bien, je refais un PPI aux Etats-Unis.

Donc c’est là que tu es reparti en Indiana ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, je suis reparti pendant 1 an dans l’Indiana, donc dans un cabinet d’avocats qui travaillait avec PPR.

Comment est-ce que… ouais, donc c’était un cabinet avec qui tu avais travaillé pendant que tu étais en stage là-bas, donc tu les as contactés ?  

Me. Yassine Yakouti

Exactement, exactement.

OK.

Me. Yassine Yakouti

Ce que j’ai retenu jeune des gens qui ont pu m’aider, c’est que c’est l’importance du réseau, d’entretenir le réseau et d’essayer de… parce que je dis à des jeunes que j’accompagne ou à des clients : il faut se donner de l’ambition de ses prétentions.

Et comment… qu’est-ce qui t’a tant plu à Indiana ?  

Me. Yassine Yakouti

C’est une petite ville, c’est les gens, c’est le Midwest : c’est des rencontres, c’est des amis et le travail. Le travail était très intéressant, je m’occupais de ce qu’ils appelaient un European Desk, donc un bureau d’affaires européennes où je centralisais des demandes qui étaient faites par des clients internationaux. Il y a énormément de boites internationales dans l’Indiana. Ça peut paraître paradoxal, mais c’est, je crois l’état ou tel plus de laboratoires pharmaceutiques au monde. Je crois que c’est là-bas qu’on a inventé le vaccin Pfizer. Donc tu as une grosse industrie pharmaceutique.

C’est pour des raisons fiscales ou historiques. ?

Me. Yassine Yakouti

Raisons historiques d’abord, puis fiscales. Je crois que c’est un Etat qui a mis une fiscalité très particulière pour les entrepreneurs.

Et donc tu reviens, donc ça c’est PPI 1 an ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, PPI 1 an.

Tu as envisagé de rester là-bas ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Et alors ?

Me. Yassine Yakouti

J’envisageais, je me suis posé la question, puis pour des raisons personnelles, ça ne s’est pas fait.

Hum. Et tu reviens donc.

Me. Yassine Yakouti

Je reviens, je repars pour… j’intègre un cabinet américain à Paris qui s’appelle Charmant Stirling. Je repars pour disons une formation, je repars aux États-Unis pour trois mois, puis je reviens.

C’était où cette fois ?

Me. Yassine Yakouti

À New York.

À New York.

Me. Yassine Yakouti

Et je repars là-bas.

Vous avez eu une tentation d’y rester ?

Me. Yassine Yakouti

Non, là c’était pour revenir en tant que collaborateur ici. Puis j’ai débuté chez eux et après je rejoins un autre cabinet en droit fusion-acquisition et droit boursier international, c’était Fresh Fields.

Comment s’est passée cette première expérience comme collaborateur ?

Me. Yassine Yakouti

J’étais très content d’y arriver et par contre, j’ai pu être un petit peu déçu autant il avait quand tu es stagiaire. Quand tu es étudiant, il y a cette euphorie de la nouveauté, l’euphorie de la nouveauté de découvrir. Et puis, quand j’ai des collaborateurs, j’ai débuté vraiment en 2008, donc mi-2008, et ça a été le début de la crise des subprimes et ça a été très, très difficile dans les cabinets où j’étais. C’était l’époque des charrettes, l’époque où il n’y avait pas vraiment de boulot.

Et ça, ça t’a déçu ? En fin, pas le fait que du coup, l’impact sur les conditions de travail t’a déçu ?  

Me. Yassine Yakouti

L’impact, on travaille beaucoup, mais je continue à beaucoup travailler, mais on est, c’est-à-dire que j’étais… Il y a un film que j’aime beaucoup, ce Taxi Driver avec Robert De Niro et il y a cette scène où il rentre dans un taxi et se dit : je vais rester 30 ou 40 ans là-dedans. Et un matin, en allant dans un cabinet d’affaires, je me suis dit que je n’avais pas envie de rester 30 ou 40 ans là-dedans.

Pourquoi ?

Me. Yassine Yakouti

Parce que je me suis occupé de la faillite d’une grosse banque à l’époque et j’ai été un petit peu choqué par des comportements rapaces et qui n’étaient pas en adéquation avec l’image que j’avais. Je devais avoir 26 ans, donc j’avais fait le tour du côté académique, faire le tour du monde. La fac de droit m’a ramené très loin et j’ai vraiment passé du… je regarde un excellent souvenir. Moi, ce n’était pas… le rythme de travail, le manque de perspectives et non, je voulais faire autre chose.

C’est quoi un comportement rapace ?

Me. Yassine Yakouti

Un comportement rapace, c’était le seul objectif de cette banque qui avait quand même plombé une grande partie de l’économie internationale de ceux qui étaient aux responsabilités. C’était tout bon, tout pour leur gueule quoi. Il y a eu des graves répercussions financières et juridiques que j’ai pu voir, mais ce qui comptait pour des dirigeants, bah c’était leur body, eux c’est pomper tout l’argent.

Et là, tu te dis : non, je ne peux pas faire ça de ma vie.

Me. Yassine Yakouti

Non.

Du coup, tu quittes cette première expérience ?

Me. Yassine Yakouti

Non, je ne la quitte pas tout de suite, je continue à travailler parce que toutes ces études à l’étranger, les écoles de commerce, il y a un prêt étudiant. Je viens d’un milieu populaire, j’ai dû tout financer par moi-même. Donc bah notre toute cette nécessité et j’ai été payé très, très bien rémunéré. Donc au bout d’un moment, je continue, je me dis qu’il faut que je solde mon emprunt étudiant. Et un jour en me baladant, en faisant mon premier dossier correctionnel que j’ai plaidé à l’ancienne 23-1 à Paris, la petite salle. C’est la première fois que j’ai plaidé. J’ai été plaidé pour une mère de famille qui avait des problèmes d’addiction à l’alcool et je rencontre des avocats que je ne connaissais pas en fait, des avocats de palais. Et ils me parlent, ils me disent : tiens, tu devrais peut-être essayer. Je leur dis que je veux faire du pénal, j’ai écrit à tout le monde, je crois que j’ai dû envoyer 400 CV. Il y a peut-être dix avocats qui m’ont répondu et je me rappelle très bien de ceux qui m’ont répondu. Aujourd’hui, je comprends, je n’en garde rigueur à aucun de ceux qui ne m’a pas répondu. Il y a beaucoup de travail, il y a beaucoup de temps et le silence est une forme de réponse, n’est-ce pas ?

Surtout quand il se répète.

Me. Yassine Yakouti

Voilà ! Et je me dis on me dit : il faut que tu que tu passes la conf. Et je me mets à m’intéresser aux petites structures et je me dis il faut que je passe ce truc-là.

Lilas Louise Maréchaud

Au bout de combien de temps tu as soldé ta dette étudiante ?

Me. Yassine Yakouti

Je l’ai soldé, j’ai fait un remboursement anticipé au bout d’un an et demi.

Lilas Louise Maréchaud

Oui donc, et c’est à partir de là que tu t’es vraiment autorisé à…

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Et puis comment est-ce que tu es arrivé à ce premier dossier correctionnel ?

Me. Yassine Yakouti

Par des rencontres, j’étais avocat.

C’est quelque chose que tu avais recherché ?

Me. Yassine Yakouti

Non.

Non.

Me. Yassine Yakouti

Non, ça m’est venu comme ça. Moi, à chaque fois qu’on me demande de me dire : mais tu es avocat, je dis non, non, je ne suis pas avocat, je m’occupe des droits boursiers et de fusions-acquisitions complexes. J’ai rédigé des prospectus, je fais des pactes d’actionnaires trilingues. Et un jour, on me dit : non, mais c’est vraiment, c’était la sœur de quelqu’un que je connaissais et elle passe en comparution immédiate et j’ai aimé.

Ouais.

Me. Yassine Yakouti

J’ai eu une révélation.

Comment tu t’es senti d’aller à cette comparution immédiate, toi qui venais du milieu de… ?

Me. Yassine Yakouti

Je tremblais comme une feuille morte. Et j’ai envie de me dire que c’était grâce à moi, mais en vérité, depuis ce métier m’a appris l’humilité. Elle est sortie parce qu’elle devait sortir avec la justice a décidé qu’elle devait sortir, mais au moins, je l’ai accompagné, j’étais là.

Peut-être que tu as eu ton petit rôle quand même dans cette histoire.

Me. Yassine Yakouti

On aura un débat sur… enfin beaucoup d’avocats s’attribuent beaucoup de mérite, soit s’attribuent beaucoup de mérite d’une bonne décision. Une fois aussi la contrepartie, c’est d’accepter la responsabilité d’une mauvaise décision. Mais bizarrement, on entend que ce sur des bonnes décisions.

Oui, ce n’est pas faux. Et du coup, là, tu rencontres, ça te plaît et c’est un switch pour toi dans le fait de vouloir…

Me. Yassine Yakouti

C’est un switch où je me dis je veux être avocate de palais et je veux porter la robe. Moi, je suis un amoureux du palais et de la Cour d’Appel et avant il y avait tout, ça fait avant ça fait vieux, mais il y avait le tribunal et enfin c’était première instance, deuxième instance. Tout était là-bas et j’ai adoré cette ambiance.

Lilas Louise Maréchaud

Donc tu dis : tu envoies 400 CV, tu reçois 10 réponses. Sur ces 10 réponses, j’imagine que la plupart sont négatives.

Me. Yassine Yakouti

La totalité.

 

La totalité.

Me. Yassine Yakouti

Il y a ce Mario Stasi qui m’a reçu avec Emmanuel Daoud. Je m’en rappellerais qui est devenu parfois un adversaire dans des dossiers. Un avocat qui s’appelle Mourad Fallek que je j’aime beaucoup. Henri Leclerc, d’autres m’ont répondu et puis la plupart, c’était de me dire : vous êtes fou, pourquoi vous faites ça ? Vous avez un super CV, vous êtes dans des sphères où la plupart d’entre nous aimeraient aller et moi je disais : non, ce que je veux, c’est le contentieux, c’est le pénal.

Tu as l’impression que leur refus était plus lié à l’incompréhension de cette transition que tu voulais faire ? Car au fait, qui recrutait ??? ou est-ce que… ?

Me. Yassine Yakouti

Je pense que j’étais à la mauvaise période rétrospectivement pour connaître un petit peu le milieu du droit pénal, il faut être là au bon moment, au bon endroit, il faut… On recrute beaucoup par bouche à oreille et j’étais dans aucun de ces cercles. Puis j’ai dû candidater je crois que c’était en… j’ai été commencé à candidater en février 2009. Février, c’est la mauvaise période, les places sont déjà prises par ce qui était. Il y a plein de facteurs, enfin c’est multifactoriel et aussi peut-être une forme d’incompréhension, mais il est taré lui, il a fait une école de commerce aux Etats Unis, il a fait… pourquoi est-ce qu’il veut venir mettre les mains dans le cambouis ?

Et à ce moment-là, parmi toutes ces rencontres, parlons de la conférence.

Me. Yassine Yakouti

On parle de la conférence.

 

Toi, c’est quelque chose que tu connaissais ?

Me. Yassine Yakouti

Non.

Non.

Me. Yassine Yakouti

Je n’avais jamais entendu parler.

Oui. Et du coup, comment tu abordes ça ?

Me. Yassine Yakouti

Ben, on me dit il y a la conférence et je regarde et on me dit : bah si tu veux vraiment faire du pénal, il faut faire ça. Moi, je n’ai pas eu… je pourrais parler avec beaucoup de confrères aujourd’hui qu’on ait un autre parcours, l’un n’exclut pas l’autre. Mais je n’ai pas été dans un cabinet, je peux être patron au pénal, je n’ai pas eu de mentor et ça a été mon… Donc je me suis dit que je voulais la passer, donc je suis arrivé, je suis monté dans la salle hall de la bibliothèque et j’ai écouté les autres candidats, les secrétaires. Ils me paraissaient magnifiques et flamboyants et je m’étais dit : je veux faire ça.

Oui, quand tu t’es préparé.

Me. Yassine Yakouti

J’ai écouté, j’étais à trois ou quatre séances, j’ai regardé. Je regardais les candidats, j’ai parlé avec un autre de mes amis qui l’a passé, qui m’a donné un des meilleurs conseils qu’on a pu me donner, c’est : commande les CD des anciennes promotions. Ils regardent les vidéos. Donc je suis convaincu que l’homme est un primate et qu’on apprend en regardant et en répétant ce qu’on fait. C’est le sens même de notre éducation et j’ai regardé, j’ai essayé avant tout de comprendre l’exercice. Et donc j’ai passé le premier tour et là, j’ai posé ma démission de ce gros cabinet d’affaires et pendant la fin du concours, j’ai rejoint un petit cabinet, enfin je n’aime pas ce mot-là : petit ; petit, c’est péjoratif.

Une petite structure en terme du nombre de personnes.

Me. Yassine Yakouti

Voilà, il n’y a ni petit, ni grand et on peut être grands dans des petits et très petit, dans des choses très grandes. Et je rejoins ce cabinet de la Vialle où il y a beaucoup d’anciens secrétaires qui sont passés par là et…

C’était intentionnel de ta part ?

Me. Yassine Yakouti

Non. C’est un cabinet qui faisait… c’était parce que je voulais faire du pénal et c’est le seul poste que j’ai trouvé, c’était du pénal protection juridique assurances et ça a été une expérience incroyable.

Raconte.

Me. Yassine Yakouti

Ben, tu t’occupes de la protection juridique, donc tu fais les chiens écrasés un peu partout en France. Une histoire de gifle à Soissons qui va me revenir, une bagarre entre voisins qui a dégénéré vers Evreux à cause d’une branche d’arbre qui dépassait. Il faut s’imaginer des gens qui ne connaissent rien au droit, un petit litige pénal et qui mettent en jeu la protection juridique de l’assurance. Mais tu as des cabinets, c’est un marché qui gère ça et c’était Bibi qui s’est coltiné ça.

Ça a duré combien de temps cette expérience ?

Me. Yassine Yakouti

Ça a duré pendant que je passais mon concours de la conférence.

Donc quelques mois ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, ça a duré un peu plus jusqu’en février, ça a duré huit mois.

Huit mois ? Qu’est-ce que tu en a appris ? Est-ce que ça t’a… enfin, bon manifestement, ça ne t’a pas dégoûté parce que tu es allé au bout de la conférence du pénal ?

Me. Yassine Yakouti

Non, ça m’a appris que l’important, c’est les gens. L’important, c’est les gens et moi dans ce métier, ce que j’aime, c’est l’autre, discuter avec les gens.

Et du coup, qu’est-ce qui est ce fameux sujet qui t’a appelé à la conférence ?

Me. Yassine Yakouti

J’ai tremblé comme une feuille morte, je m’étais dit et puis j’étais déprimé de ne pas avoir au moment où je passe le premier tour, voilà 400 CV, je me disais pourquoi on ne veut pas de moi ? Pourquoi on ne me répond pas ? On devient même il y a pourquoi même pas, mais en réalité ce n’est pas une question d’être aimé. Et je me dis : allez, il faut que je la passe et je passais avec sur un sujet, je crois que c’était ‘‘faut-il se faire des ennemis ?’’ Et ce qui m’avait intéressé, c’est que c’était un auteur que j’aime beaucoup, qui était invité Patrick Rambaud. Donc c’était j’aimais beaucoup les chroniques du règne de Nicolas 1er à l’époque, je ne sais pas si ça te dit quelque chose.

Ça ne me dit rien, mais j’arriverai.

Me. Yassine Yakouti

J’aimais beaucoup Patrick Rambaud.

Donc c’est des romans historiques ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais, enfin, c’était… il racontait le quinquennat de Nicolas Sarkozy comme si c’était une chronique médiévale, c’est hilarant.  

Je vais le lire. Et donc ce qui t’attire, c’est finalement plus que le sujet, l’invité qui sera là ce soir.

Me. Yassine Yakouti

L’invité, le sujet, si je ne connaissais pas grand-chose.

Lilas Louise Maréchaud

Oui. Et qu’est-ce que tu as raconté ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, j’ai raconté beaucoup de bêtises, mais bon, ils m’ont quand même fait passer et j’ai rencontré un avocat qui est devenu ce soir-là, ce n’est pas le bâtonnier qui présidait, c’était un avocat qui est devenu un ami, un modèle. C’était Vincent Nioré qui présidait. Et quand je finis le discours, c’est un peu comme mom, enfin la bafouille que j’avais préparée, il me reçoit, il me dit : ah, tenez ma carte, je pense que vous avez toutes les qualités pour être secrétaire de la conférence. Je vais vous accompagner. Donc voilà !

Très bien, les gens ont dit tout le monde allait écouter Vincent Nioré sur Fleur d’avocat, c’est une interview poignante.

Me. Yassine Yakouti

C’est un ami de longue date dans la profession, c’est quelqu’un qui a compté et ??? qui compte beaucoup pour moi.

Et donc il t’accompagne dans cette préparation de cette conférence ?

Me. Yassine Yakouti

Ben moi je n’y connaissais rien, je ne suis pas un avocat de palais et il me dit : on va déjeuner ensemble, vous allez discuter avec moi, je vais vous expliquer. Et il me dit : ben il faut que vous fassiez ci, ça, ça. Il m’a donné une leçon d’éloquence qui m’est toujours restée depuis que je dis à mes collaborateurs, à mes stagiaires et j’avais dit : elle a la peau bronzée et il m’avait dit si tu veux avoir ce concours, elle n’a pas la peau bronzée, elle a la peau cuivrée. Et je pense que c’est la manière dont tu vas appréhender la langue, ça m’est resté en tête, tu m’as servi de leçon.

Tu avais déjà ce genre d’affinité avec la langue française ?

Me. Yassine Yakouti

J’ai toujours aimé, j’aime beaucoup, j’ai toujours beaucoup lu.  

Oui.

Me. Yassine Yakouti

Je suis un lecteur avide.

OK, de qui ?

Me. Yassine Yakouti

De tout et n’importe quoi. Ce genre de personne si tu le mets dans une salle d’attente, je vais tout lire le règlement, ce qu’il y a enfin j’ai un cerveau qui…

… qui recherche des lettres ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais, j’ai du mal à… j’angoisse, je dois beaucoup angoisser, donc j’ai besoin de lire, mais j’aime lire, j’aime les lettres, j’aime les mots.

Et tes auteurs de référence ?

Me. Yassine Yakouti

Moi, celui que je préfère par-dessus tout, c’est Maupassant. Voilà je suis de la secte de Maupassant, j’ai dû tout lire. Après, ça peut… là, je relis en ce moment Steinbeck. Ça peut passer, je peux lire, tu connais lire et puis tu… elle a été.  

Maupassant non pendant longtemps, et pourtant je ne relis pas beaucoup de bouquins. Et encore aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi j’ai eu ce tropisme avec ce bouquin. Mais quand j’étais ado, tu vois là 16, 18 ans, j’ai lu plusieurs fois une vie, alors que la vie de Jeanne quand même, c’est la déprime totale quoi. Et je ne sais pas encore aujourd’hui, je ne comprends pas ce qui m’a tant touché dans ce bouquin, peut-être que je ne voulais pas avoir ça justement.

Me. Yassine Yakouti

Je ne pense pas que tu étais servante dans une auberge en Normandie.

Non, effectivement.

Me. Yassine Yakouti

Mais non, non, je relis régulièrement Maupassant. Il y a une nouvelle que j’aime beaucoup, c’est un lâche et j’ai envie de… d’ailleurs je la reprends souvent quand je dois plaider, elle est synonyme de beaucoup de choses dans la vie, un lâche !

Très bien. Et donc, tu avais cette appétence, tu es coaché par Vincent Nioré qui t’aide à concentrer tout ça.

Me. Yassine Yakouti

Oui, il me dit : voilà, tu fais ça et on me redit encore regarde les vidéos et je repassais le deuxième tour, le troisième tour.

Tu te souviens de tes sujets ?

Me. Yassine Yakouti

Le premier, c’était : ‘‘faut-il se faire des ennemis ?’’. Le deuxième, j’ai eu de la chance : ‘‘faut-il encourager les lâches ?’’

Trop facile.

Me. Yassine Yakouti

La réponse est oui, bien-sûr, j’encourage toujours les lâches, les louches, les faibles. Ce que j’aime, c’est la faiblesse. C’est ce que j’aime, ce que je n’aime pas, les gens qui réussissent, je n’aime pas les gens trop parfaits.

Qu’est ce qui t’agace avec les gens trop parfaits ?

Me. Yassine Yakouti

Bah la perfection.

C’est-à-dire ?

Me. Yassine Yakouti

Non. En vérité, personne n’est parfait, personne. Il n’y a pas d’ombre pas, il n’y a pas d’ombre absolue ou de lumière absolue. Derrière toute perfection, il y a des aspérités et c’est ça qui est intéressant, c’est l’envers du décor. Et derrière une belle photo sur les réseaux, il y a autre chose.

Et pour toi, parce que tu dis je n’aime pas la réussite, je n’aime pas les gens parfaits ; pour toi, la réussite et la perfection, c’est la même chose ?

Me. Yassine Yakouti

Je n’ai pas compris.

Pour toi, la réussite et la perfection, c’est la même chose ?

Me. Yassine Yakouti

Non, non. La réussite, c’est d’avoir plus ça va, c’est le bonheur et plus je vieillis, je me dis que le bonheur, ce n’est pas un lieu, mais un chemin, voilà.

Oui, c’est vrai ton chemin du bonheur alors.

Me. Yassine Yakouti

Ben pour l’instant, c’est faire le travail que j’aime, ma famille et essayer de me rendre utile.

Et avant tu le disais premièrement, tu pensais que c’était un lieu ?

Me. Yassine Yakouti

Quand je dis que je pensais que c’était un lieu, je m’occupe de beaucoup d’étudiants. Tu sais, quand on est jeune, on se dit quand je serai avocat, je serais heureux ; quand je serai marié, je serai heureux ; quand j’aurai des enfants, je serai heureux. Mais en fait le bonheur, ce n’est pas un lieu ou un moment, c’est vraiment le chemin, la route que tu vas prendre.

A quel moment tu as l’impression d’avoir switché entre le lieu quand je serai avocat, quand je… et le moment ?  

Me. Yassine Yakouti

Peut-être que l’expérience en cabinet d’affaires.

Justement en ce moment, tu dis en fait je ne veux pas faire ça toute ma vie.

Me. Yassine Yakouti

En fait, c’est ce pourquoi tu t’es battu, tu as travaillé nuit et jour et tu te dis à ce moment-là, je vais être au max et en fait non.

Tu es toujours toi max ?

Me. Yassine Yakouti

Ça varie, enfin plus ça va, plus je me dis ça ne veut rien dire être au max, on n’est jamais au max. Si un jour on est au max, je suis beaucoup plus nuancé dans ce que je vois et ce métier m’apprend beaucoup la nuance aussi.

Et donc ça, c’était le deuxième sujet : faut-il encourager les lâches ? Et il faut encourager les lâches donc on a conclu.

Me. Yassine Yakouti

Ce que j’aime, c’est…

Et on remarquera que ce n’est pas ‘‘faut-il encourager la lâcheté’’, c’est ‘‘faut-il encourager les lâches ?’’

Me. Yassine Yakouti

Ce n’est pas pareil.

Ce qui n’est pas pareil, oui.

Me. Yassine Yakouti

C’est comme en droit, moi je ne défends jamais le crime, mais je peux défendre des criminels. Ce n’est pas pareil.

Exactement.

Me. Yassine Yakouti

Et le troisième sujet, qu’est-ce que c’était ma foi, ça va me revenir.

Le cabinet qui t’a recruté, le cabinet qui faisait de la protection juridique pénale, il savait que tu passais la conf et que c’était temporaire votre collaboration.

Me. Yassine Yakouti

Il avait l’habitude, c’est un confrère qui est devenu un ami depuis aussi, Antonio Alonso qui fait du droit du travail et de la protection. Et lui, il était très cool, il m’a dit : écoute, va au bout de… c’était très bienveillant.

Et tu dis que c’est un ancien secrétaire lui aussi ? Non, c’est les collègues ?

Me. Yassine Yakouti

C’est quelqu’un qui avait passé cinq fois, il en était fou. Il m’a dit moi, je n’ai jamais eu, mais il aimait beaucoup. Il y avait deux anciens secrétaires qui étaient là-bas, enfin trois qui étaient passés. Il y avait Grégory Saint Michel, Cédric CHALEPE et c’était Cédric CHALEPE à l’époque, voilà je parlais avec eux. Et Thibault Rouffiac, mais qui n’était plus.

Et donc là tu es pris ?

Me. Yassine Yakouti

Et donc là je suis pris, ouais.

Pris au premier coup ?

Me. Yassine Yakouti

Au premier coup, ouais.

Canon. Tu te sens comment à ce moment-là ?   

Me. Yassine Yakouti

J’ai une pensée pour mes grands-parents qui sont venus en France, c’est quelque chose de… enfin, c’est un truc qui me tombe dessus, c’était… moi, je l’ai passé en 2009, lui en 2010. Je suis toujours très attaché à cette institution et je sais qu’aujourd’hui, il y a tout, les vidéos, mais c’était encore quelque chose de quasiment très, très mystérieux à l’époque. Et du jour au lendemain, tu te retrouves à avoir le bâtonnier qui te fait la bise des avocats, bah Vergès qui est là par exemple le soir de son élection, c’était juste dingue, dingue !

Et tu as plus que pendant tes études, tu avais quand même une certaine vision de paillettes de la profession d’avocat quand tu t’es orienté vers le droit des affaires internationales et tout.

Me. Yassine Yakouti

International.

International.

Me. Yassine Yakouti

Voilà !

International, worldwide.

Me. Yassine Yakouti

Worldwide and a lot of money.

Est-ce que et là tu dis que tu es ému justement quand tu es élu secrétaire, tu es ému en repensant à ton histoire familiale, à tes grands parents qui sont venus en France, tout ça.

Me. Yassine Yakouti

Ouais, si c’est un parcours et puis tu fais des rencontres incroyables, incroyables. Si je devais résumer ma vie, c’est des rencontres, c’est ce qui m’a le plus aidé dans la vie.

Et tu es resté en collaboration quand tu étais secrétaire ou tu…

Me. Yassine Yakouti

Je suis resté un petit peu et donc il y avait beaucoup de permanences, c’était avant la réforme de la garde à vue. C’était quand la garde à vue durait 30 minutes, ça fait vieux, mais franchement, j’avais beaucoup de choses changées en quinze ans, c’est délirant. Un autre rythme et puis d’un commun accord avec le cabinet, je ne suis pas ici pour escroquer les gens. La collaboration libérale, c’est bien-sûr libéral, mais au bout d’un moment, il faut travailler et manifestement, il fallait se rendre à l’évidence, je n’étais pas…

… ce n’était pas compatible.

Me. Yassine Yakouti

Ce n’était pas compatible. Donc j’ai décidé de me mettre à fond.

Donc à ton compte, à fond comme secrétaire ?

Me. Yassine Yakouti

Voilà, le cabinet où j’étais m’ont laissé, enfin dans le même immeuble, j’ai été domicilié par une avocate exceptionnelle, Virginie Bianchi, qui est une ancienne directrice de prison, qui était devenue avocate, qui m’a… c’était dans le même cabinet de la Viale, qui m’a hébergé, c’est-à-dire que j’étais en surf en domiciliation, voilà c’est le mot. Et j’ai fait toutes les perms, toutes les gardes à vue.

Est-ce que… c’est une question très naïve, mais c’est possible de vivre de l’activité de secrétaire de conférence pendant cette année ?

Me. Yassine Yakouti

Non, j’avais un petit peu d’argent parce que tu es à l’aide juridictionnelle, donc tu es payé déjà avec un delta de quatre mois de retard.

Ouais, avec des UV disons.

Me. Yassine Yakouti

Avec des UV et qui sont dérisoires. Tout ce qui est l’indemnisation des instructions criminelles, elle intervient à la fin de l’instruction, donc nécessairement c’est en année n+2 ou +3. Donc non, tu vivotes, mais tu n’as pas les mêmes… enfin pour moi, j’avais 27 ans, 28 ans, je n’avais pas les mêmes…

Tu n’as pas les mêmes charges ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, je n’avais pas les mêmes charges.

Oui, et tu l’as vécu comment cette année ? Tu dis beaucoup de rencontres.

Me. Yassine Yakouti

Ça a été mon dernier succès, si je devais qualifier la conférence, je dirais que ça a été mon dernier succès scolaire et mon premier succès professionnel.

Ah oui ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Ah ouais. Et la conférence comme premier succès professionnel ou un dossier en particulier dans la Conférence peut-être ?

Me. Yassine Yakouti

Non, intégrer….

Intégrer la conférence.

Me. Yassine Yakouti

Intégrer la conférence. Et non bah, mes camarades de promotion aujourd’hui encore sont des amis, des frères, des sœurs. Et puis des dossiers, des trucs incroyables, tu vois, je n’ai pas les mots, les mots me manqueraient pour…

C’est à confirmant en tout cas dans l’idée que le partenariat est resté tout…

Me. Yassine Yakouti

Ouais, c’est ça que je voulais faire de la première cour d’assise, les permanences tous les jours en comparution immédiate, les déferrements, les JLD, j’ai adoré, j’ai a-do-ré.

Et donc ça se termine ?

Me. Yassine Yakouti

Donc ça se termine…

Et tu restes à ton compte ?

Me. Yassine Yakouti

Je reste, je me pose la question est-ce que je vais partir ailleurs ou pas ? Et bah j’étais…

Ailleurs géographiquement ou ailleurs… ?

Me. Yassine Yakouti

Non, non. Est-ce que je veux repartir en collaboration ? Et la littérature comme souvent, le chien et le loup de la Fontaine. Et je m’étais dit que peut-être que le chien était bien gras, bien nourri mais j’aime la liberté du loup.

Oui et donc tu t’installes et là il faut…

Me. Yassine Yakouti

Je m’installe avec un pote dans un bureau qu’on partage à deux et parce qu’on commence à comme on dit charbonner.

Oui, donc charbonner c’est toutes les peines…

Me. Yassine Yakouti

Toutes les peines, la prison, la taule non-stop. Si je devais donner un conseil à un jeune avocat : il faut aller en prison, il faut aller en prison, il faut aller en prison, il faut aller en prison.

Qu’est-ce qui se passe quand tu vas en prison ?

Me. Yassine Yakouti

Bah quand tu vas en prison, tu fais ton office d’avocat. Donc déjà tu es présent, tu bosses, tu bosses, tu joues tous les ballons, tous.

C’est quoi jouer tous les ballons ?

Me. Yassine Yakouti

Bah tu défends de la même manière n’importe qui. Enfin, c’est mon point de vue, c’est d’avoir… tout le monde a le droit à une défense de PDG.

Est-ce que tu l’as écrit sur ta carte de visite…

Me. Yassine Yakouti

Non.

…tout le monde a le droit à une défense de PDG ?

Me. Yassine Yakouti

Non. Ce que je veux dire c’est que… et je l’ai vu moi dans des dossiers de droit des affaires, je vois des notes de 8000 pages, des trucs de fou, de droit pénal des affaires ou de droit des affaires aussi. En fiscalité, pour un montant d’impôt, ils vont décortiquer la Convention européenne des droits de l’homme notamment l’article 1. Il faut savoir que le domaine où la Convention européenne des droits de l’homme a été le plus utilisée c’est la fiscalité, c’est dingue. Ce n’est pas pour la liberté des gens, mais c’est pour la liberté du pognon. Et non de travailler puis un succès en amenant un autre, il peut tout de suite être de moins en moins en permanence et à être dans ce qui est important pour moi aussi en tant qu’avocat est choisir, designer, j’aime beaucoup cette notion de choix.

À quel moment est-ce que tu as l’impression que ça a basculé justement le…

Me. Yassine Yakouti

Bref…

…la permanence plus de choix ?

Me. Yassine Yakouti

Fin 2011, début 2012.

Donc au bout de deux ans ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais. Et puis parce que c’est un avocat que j’aimais beaucoup : Liénart. Jean-Yves le vrai, pas celui de la police, le vrai Liénart qui disait que le classement ATP des avocats en pénal, ce n’est pas des articles, ce n’est pas tout ça, c’est la promenade de prison. Et il y a une question : est-ce que tu sors les gens ?

Hum.

Me. Yassine Yakouti

Si tu sors des gens et que tu fais ton boulot, bah pas de mystère.

Est-ce que pendant ces deux ans, il y a un moment où tu as un peu découragé ? Où tu t’ai dit justement…

Me. Yassine Yakouti

Oui bien sûr.

… c’est dur quand-même, ce n’est pas un…

Me. Yassine Yakouti

Ah ouais.

Parce que c’est un rythme de vie, enfin. En plus il faut y aller en prison, c’est… Tu vois genre c’est un rythme de vie, c’est un style de vie, un rythme de vie qui est dur quoi.

Me. Yassine Yakouti

C’est un style de vie, c’est un truc où tu es… enfin c’est l’école monacale : tu dois travailler nuit et jour. Il faut être présent, il faut connaître ses dossiers. C’est extrêmement compétitif et c’était il y a dix ans voilà et je trouve que la profession a changé en dix ans.

Qu’est-ce que tu vois toi comme un changement de la profession depuis ces dix ans ?

Me. Yassine Yakouti

Les réseaux.

C’est-à-dire ?

Me. Yassine Yakouti

Bah on est devenu… moi ça ne fait pas long, je n’aime pas trop en fait les réseaux peut-être parce que ce n’est pas mon…

Tu veux dire Twitter, LinkedIn…

Me. Yassine Yakouti

Twitter, LinkedIn…

…Facebook.

Me. Yassine Yakouti

…Facebook, Instagram. Et à l’époque, il y avait que ton téléphone, il n’y avait même pas WhatsApp quand… Il n’y avait pas de groupe de discussion, ça va vite. Et ton portable, tes audiences quand tu obtiens, tu fais de la procédure surtout. Si c’est pour dire : si je dois caricaturer beaucoup d’interventions au pénal. Si c’est pour après le procureur dire oui, mais moi, tout le monde sait le faire. Non, non, il faut travailler, il faut être dédié à ses clients.

Et ça tu as l’impression que cette éthique professionnelle, elle est moins présente aujourd’hui ?

Me. Yassine Yakouti

Non elle…

Parce que les réseaux, enfin…

Me. Yassine Yakouti

Il y a plus de monde déjà la profession en 10 ans moi je l’ai vu stratosphérique le nombre de… enfin elle a grossi comme jamais et tant mieux. Moi je ne fais pas partie des gens qui veulent l’imiter. Je crois que quand j’ai dû prêter serment en 2008, il y avait 21 000 avocats, 32 à Paris, on est 32 000 aujourd’hui. Ça a grossi de manière exponentielle, il y a une paupérisation de la profession, c’est indéniable. Et il y a peut-être plus en plus de monde et tant mieux, donc c’est une profession qui attire.

Et toi, donc tu dis qu’au bout de deux ans, enfin que tu charbonnes comme ça pendant environ deux ans et puis au bout d’un moment ça switch et tu passes progressivement vers quelque chose de plus ou tu es choisi par une clientèle ?

Me. Yassine Yakouti

Oui.

Oui. Et c’est comme ça depuis, c’était beaucoup de pénal général, c’était toi, c’était quoi ton activité ? Est-ce que…

Me. Yassine Yakouti

Pénal général.

Pénal général.

Me. Yassine Yakouti

Pénal classique.

Il n’y a aucun moment où tu as essayé de raccrocher avec le droit des affaires ? Enfin le droit pénal des affaires.

Me. Yassine Yakouti

J’en ai quelques-uns, mais comme disait Moro-Giafferri : on a les clients qu’on mérite. Je ne sais pas, j’ai du pénal général, j’ai…

Je ne sais pas si c’est une histoire, mais c’est intéressant que tu dises ça. Qu’est-ce que ça veut dire pour toi du coup quand tu dis ça par rapport au fait que tu as du pénal général, et…

Me. Yassine Yakouti

Mais c’est que peut-être je suis… mais je ne sais pas. Je ne sais pas, ce n’est pas vrai, je suis… aujourd’hui j’en fais beaucoup plus, ça doit représenter 30 % un petit peu de mon activité. Ce mot-là pénal des affaires, ça reste du pénal. Enfin, ce que je veux dire c’est peut-être prosaïque, mais il n’y a pas plus de mérite à être coupable d’un ABS que de voler dans un supermarché.

Non, non, ce n’est pas du tout ce que j’entendais par ma question. J’entendais plus : est-ce que tu avais raccroché avec ? Enfin, est-ce que tu avais essayé de créer des ponts entre ton activité de pénaliste et ton activité d’affairiste ?

Me. Yassine Yakouti

J’ai essayé mais je n’en ai pas eu comme ça de…

Ils sont venus comment les dossiers de droit pénal des affaires ?

Me. Yassine Yakouti

Par le bouche-à-oreille, par le réseau.

Oui. Et aujourd’hui c’est encore ça ton activité donc tu dis avec 30 % de…

Me. Yassine Yakouti

Oui, ça reste mais après c’est des réseaux, c’est des réseaux. Et pour l’instant je n’ai pas de grosses boîtes ou de comptes et puis j’ai pris goût à ce que je fais.

Et donc ce que tu fais droit pénal entre guillemets, enfin droit pénal…

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

…pour reprendre ton appellation à toi, quel que soit le type d’affaires et avec des clients qui te choisissent principalement.

Me. Yassine Yakouti

Principalement ouais.

Et ça te fait quoi justement ce choix ?

Me. Yassine Yakouti

Il y a un truc. J’ai une admiration sans borne pour le dévouement de mes confrères dans le cadre des avocats de France ou d’ailleurs. C’est une profession qu’on va me de dire que j’en fais partie, c’est pour ça que j’admire beaucoup. C’est une profession altruiste, c’est une profession, c’est un métier de dingue. Tu peux avoir des gens qui vont aller à l’autre bout du monde pour aller aider quelqu’un, est-ce que c’est la beauté ? La beauté du geste mais quand tu viens en permanence, tu te présentes, tu dis : bonjour monsieur, bonjour madame, vous êtes en garde à vue et le bâtonnier m’a demandé d’intervenir pour vous. Donc, alors que là quand elles choisissent, c’est quelqu’un qui a demandé ton assistance et je trouve que ça crée une relation particulière. On t’a demandé, tu as choisi.

Oui. Et qu’est-ce que…

Me. Yassine Yakouti

Alors on peut commencer par se présenter à être permanence à être choisi par la suite et avoir j’ai eu des relations exceptionnelles avec des clients pour qui j’ai commencé au début dans la permanence et autres.

Et ça t’arrive souvent ?

Me. Yassine Yakouti

Ça m’arrive encore, je participe aux permanences. Ça fait partie de…

… de ton métier ?

Me. Yassine Yakouti

Ça fait partie de mon métier et la défense des plus démunis, c’est pas mal garder les pieds sur le sol.

Oui, c’est quelque chose qui est important pour toi ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais. Les permanences pénales, les gardes à vue, les comparutions immédiates, j’en fais beaucoup mais c’est important d’avoir aussi… ce n’est pas le même type de dossier.

Qu’est-ce que tu as… Est-ce que tu as des dossiers qui t’ont particulièrement touché ou qui ont été particulièrement importants pour toi dans ces 10 ans maintenant ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, oui, il y a des dossiers qui m’ont beaucoup apporté parce qu’on a bien travaillé, parce qu’on a eu un bon résultat et que les résultats entraînent des nouveaux dossiers. C’est…

Justement ce bouche-à-oreille qui se fait à la prison.

Me. Yassine Yakouti

Ouais. C’est l’écho, l’écho positif. Il s’est passé ça, tu devrais le prendre et puis ainsi de suite. Parfois il y a des cours d’assises des dossiers criminels qui m’ont beaucoup apporté.

Qu’est-ce qui t’ont apporté ?

Me. Yassine Yakouti

Parfois de la notoriété, parfois des nouveaux clients, parfois des satisfactions. Moi j’ai par exemple dans le cadre de la conférence, j’ai rencontré des gens de la communauté Rom et c’est devenu des amis et j’aime beaucoup. J’ai été faire des mariages roms en Europe centrale et à la place c’est des gens que j’ai rencontrés dans la peine. Et c’est ça la beauté du truc et passer la nuit à jouer de la guitare en Bosnie avec un mec sorti de taule. Voilà, c’est beau.

Comment est-ce que toi tu disais : j’étais dans ce cabinet d’affaires et puis un jour j’arrive et je me dis en fait : non, je ne veux pas faire ça pendant 40 ans quoi ? Aujourd’hui, donc maintenant ça fait 15 ans que tu es avocat à peu près ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais, treize.

Comment est-ce que tu projettes ton activité maintenant ? Alors tu as dit : ‘‘on’’, donc tu n’es plus seul ?

Me. Yassine Yakouti

Oui.

Ça veut dire que tu t’es associé ?

Me. Yassine Yakouti

Oui, je suis associé ici avec des amis.

Ça s’est fait au bout de combien de temps d’activité ?

Me. Yassine Yakouti

Ça s’est fait il y a un de mes associés qui est un ami du premier jour de fac. C’est celui que tu croises dans l’amphi le premier jour.

Oui

Me. Yassine Yakouti

Et puis dit on est sur la plage tous les deux du soldat Ryan, on va essayer de ne pas prendre une balle.

Ce mec, tu l’avais abordé comment ? J’ai une histoire très conseillant là-dessus.

Me. Yassine Yakouti

Quand on s’est croisé, je ne sais plus vraiment, on avait dû parler. On s’est regardé le premier jour et après on a dû jouer au foot, le foot ça peut amener aussi beaucoup de choses.

C’est Boris Rosenthal qui raconte dans son interview que son premier copain à la fac, c’est parce qu’il avait des chaussettes marrantes et je ne sais pas. Boris, enfin il a chambré sur ses chaussettes et c’est comme ça qu’ils sont devenus amis en fait.

Me. Yassine Yakouti

Ouais, je lui demanderai c’est, c’est Karine Morand La oisive, je ne sais pas, je ne sais pas comment on s’est rencontré.

En tout cas vous avez joué au foot et maintenant vous êtes associés ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais, enfin on partage les locaux et l’amitié et quand je dis ‘‘on’’, bah moi je travaille avec une équipe et je pense que toute réussite est collective. Et souvent derrière un avocat, il y a des gens derrière.

Elle est composée comment ton équipe ?

Me. Yassine Yakouti

Pour l’instant j’ai trois collaborateurs et en fonction des périodes, des stagiaires.

Tu as recruté à partir de quand ?

Me. Yassine Yakouti

J’ai recruté à partir de 2013 un premier d’abord stagiaire, puis qu’après, qui est devenue collaboratrice. Elle est restée 7 ans.

Et ça s’est terminé.

Me. Yassine Yakouti

Au bout d’un moment…

Bah oui, au bout de 7 ans, c’est ce qui arrive quoi.

Me. Yassine Yakouti

C’est ce qui arrive et on était l’un et l’autre tristes, mais on est encore amis, on se voit, il n’y a pas de soucis.

Et Yves, et ton association, c’est une association de projet commun ou c’est une association plus on partage les locaux ?

Me. Yassine Yakouti

Une association d’exercices.

Une association, oui.

Me. Yassine Yakouti

Il y a quand même une forme d’individualisme dans cette profession et il faut trouver le… Il faut déjà avoir le temps de se poser, de mettre les choses.

Aujourd’hui du coup comment est-ce que tu projettes ton exercice ?

Me. Yassine Yakouti

Aujourd’hui, je prends les choses étape par étape. Comme dirait un entraîneur de foot, je prends les matchs les uns après les autres et non, je suis content. Je ne sais pas si je ferais ça tout le temps mais en l’état actuel…

Qu’est-ce qui fait que tu ne sais pas si tu ferais tout le temps ?

Me. Yassine Yakouti

Plein de choses. Le métier change, Paris change aussi. Moi j’habite à Paris et je trouve que c’est une ville un petit peu oppressante.

Oui, ça te donne des envies d’exercer ailleurs ?

Me. Yassine Yakouti

Ça me donne envie d’exercer ailleurs ou moi je ne m’interdis rien, je n’exclus rien, donc je ne sais pas.

Il y a des choses dont tu as envie ? Tu fais Nicolas Jean par exemple, chez ville il dit : je ne sais pas, parfois je me dis que je pourrais être agriculteur, avoir un PMI dans une toute petite ville.

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Avec un métier d’avocat, toi il y a des trucs un peu comme ça ?

Me. Yassine Yakouti

Bah moi, j’ai une passion c’est l’aviation. Donc si je faisais autre chose, je serais pilote d’avion.

Pilote d’avion, pilote de ligne, grande ligne ?

Me. Yassine Yakouti

Je n’ai pas des qualifications pour mais je pilote des petits avions, et je ne sais pas avions-taxis en Afrique.

Avions-taxis en Afrique.

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Trop cool.

Me. Yassine Yakouti

Ça serait très drôle.

Cool.

Me. Yassine Yakouti

Avion-taxi, un pays que j’ai beaucoup aimé, c’est Madagascar parce qu’il n’y a pas de route mais voilà, avions-taxis à Mada, ça doit être ouf !

A quelle occasion tu es allé à Madagascar ?

Me. Yassine Yakouti

J’y suis allé avec un ami confrère qui s’occupe d’une ONG et donc on a volé pour entre autres notamment pour ramener des médicaments, du matériel.

Tu fais encore pourquoi dans l’associatif ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Tu es investi dans quelles associations ?

Me. Yassine Yakouti

Je suis investi dans une association qui s’appelle Cause des rues. On fait des chantiers internationaux. J’essaie de donner un petit coup de main à l’association en France Madar Offre, plusieurs en France et…

Beaucoup de choses liées aux enfants ?

Me. Yassine Yakouti

Ouais.

Oui, il y a un truc qui te touche particulièrement avec les enfants ?

Me. Yassine Yakouti

C’est peut-être bateau, mais j’aime la franchise des enfants. Et puis, comme disait la mère d’un de mes clients si tes parents ne s’occupent pas de toi, l’Etat s’occupera de toi plus tard. Donc je préfère m’occuper des enfants petits et après c’est le rôle de l’État.

Ou essayer de faire en sorte que l’État ne s’occupe pas trop d’eux plus tard.

Me. Yassine Yakouti

Je pense que tu as compris ce que je veux dire quand je dis que l’État s’occupera d’eux.

Et tu disais aussi, tu as beaucoup parler de foot.

Me. Yassine Yakouti

Oui.

Oui, tu as un lien particulier avec le foot ?

Me. Yassine Yakouti

J’aime bien ce…

Tu aimes bien ce sport.

Me. Yassine Yakouti

J’aime bien ce sport, j’aime bien l’égalitarisme du foot. Moi j’étais, je suis un simple amateur. Je n’ai jamais eu de velléités ni un talent quelconque. Je crois que c’est Nabil Boudy qui…

Oui.

Me. Yassine Yakouti

…qui jouait pas mal. Moi, je suis un simple amateur et c’est des bons moments et c’était bien.

Quelle est ta dernière joie Yassine ?

Me. Yassine Yakouti

Ma ?

Ta dernière joie ?

Me. Yassine Yakouti

Ma dernière joie, c’est l’anniversaire de ma fille.

Elle a eu quel âge ?

Me. Yassine Yakouti

Elle a eu 5 ans.

Qu’est-ce que tu portes sous ta robe ?

Me. Yassine Yakouti

Qu’est-ce que je porte sous ma robe ? Mes vêtements. Non, ma personne.

Ta personne. C’est déjà pas mal.

Me. Yassine Yakouti

C’est déjà pas mal.

Retrouvez plus d’info sur Yassine Yakouti ici : https://waza-tech.com/yassine-yakouti-un-debut-de-parcours-sur-les-tambours-battants/ et ici : https://www.jeuneafrique.com/1317273/politique/serie-quest-ce-qui-fait-courir-lavocat-franco-marocain-yassine-yakouti/