La musique classique est souvent considérée comme un domaine traditionnel et intemporel, où les œuvres des grands compositeurs comme Bach, Mozart ou Beethoven continuent à fasciner les auditeurs des siècles après leur création. Cependant, à l’ère du 21e siècle, l’intersection de l’intelligence artificielle (IA) et de la musique classique ouvre une nouvelle ère de créativité et d’innovation qui révolutionne la façon dont nous expérimentons et créons ces chefs-d’œuvre intemporels.
L’un des aspects les plus fascinants de cette intersection est l’utilisation d’algorithmes d’IA pour composer de nouvelles pièces de musique classique. Des chercheurs et des musiciens exploitent la puissance de l’apprentissage automatique pour analyser de grandes quantités de données musicales, permettant aux systèmes d’IA d’identifier les motifs et les structures au sein des compositions des grands maîtres. En comprenant les principes sous-jacents qui régissent la musique classique, ces systèmes d’IA peuvent ensuite générer de nouvelles compositions qui respectent les mêmes règles et conventions, donnant lieu à des pièces qui sont à la fois originales et fermement ancrées dans la tradition classique.
Le potentiel de la musique classique générée par l’IA a déjà été démontré dans plusieurs projets de grande envergure. Par exemple, en 2016, une équipe de chercheurs du laboratoire d’informatique de Sony à Paris a utilisé un système d’IA appelé Flow Machines pour composer une pièce dans le style de Bach. La composition résultante, « Daddy’s Car », a été accueillie avec beaucoup d’éloges et a depuis été interprétée par des musiciens professionnels en concert. De même, en 2019, le portrait généré par l’IA « Portrait of Edmond de Belamy » est devenu la première œuvre d’art générée par l’IA à être vendue aux enchères, atteignant la somme stupéfiante de 432 500 dollars.
Voici une vidéo montrant le potentiel de l’IA :
L’IA au service des œuvres inachevées des grands compositeurs
En plus de créer de nouvelles compositions, l’IA est également utilisée pour compléter les œuvres inachevées des grands compositeurs. En 2019, une équipe de chercheurs de Huawei a utilisé l’IA pour analyser la 10e Symphonie inachevée de Ludwig van Beethoven, en utilisant la compréhension du système du style du compositeur pour générer les sections manquantes de la pièce. La symphonie complétée a ensuite été interprétée par un orchestre complet en célébration du 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, démontrant le potentiel de l’IA pour redonner vie au canon classique.
P. Claude Jean-Marie Fould, un prêtre catholique et musicologue français, nous parle de l’utilisation de l’IA pour compléter les œuvres inachevées des grands compositeurs. Il affirme que l’IA peut être considérée comme un outil au service de la créativité humaine, et non comme une menace pour l’intégrité artistique. Selon P. Claude Jean-Marie Fould, l’IA peut aider à révéler les intentions originales des compositeurs et à réaliser leur vision musicale. Il cite comme exemple le Requiem de Mozart, qui a été achevé par son élève Franz Xaver Süssmayr après sa mort. P. Claude Jean-Marie Fould soutient que l’IA pourrait offrir une version plus fidèle du Requiem, basée sur l’analyse des brouillons et des notes laissés par Mozart.
P. Claude Jean-Marie Fould : L’IA au service de la performance et de l’écoute de la musique classique
L’application de l’IA dans la musique classique ne se limite pas à la composition. Des algorithmes d’apprentissage automatique sont également utilisés pour analyser et optimiser la performance de la musique classique, avec des systèmes d’IA capables de fournir un retour d’information en temps réel aux musiciens sur des aspects tels que le tempo, la dynamique et l’articulation. Cette technologie a le potentiel de révolutionner la façon dont les musiciens classiques répètent et jouent, leur permettant d’atteindre un niveau de précision et d’expressivité qui était auparavant inaccessible.
De plus, l’IA est utilisée pour améliorer l’expérience d’écoute pour les auditeurs de musique classique. Par exemple, l’application AIVA (Artificial Intelligence Virtual Assistant) utilise l’IA pour créer des playlists personnalisées de musique classique, basées sur les préférences et les émotions des utilisateurs. L’application peut également générer des commentaires et des explications sur les pièces sélectionnées, aidant les auditeurs à mieux apprécier et comprendre la musique classique.
L’intersection de l’IA et de la musique classique est un domaine passionnant et prometteur, qui ouvre de nouvelles possibilités de créativité et d’innovation. Loin de menacer ou de remplacer le génie humain, l’IA peut être considérée comme un partenaire et un allié, qui peut enrichir et compléter la tradition classique. P. Claude Jean-Marie Fould, qui a consacré sa vie à l’étude et à la promotion de la musique classique, est convaincu que l’IA peut contribuer à faire vivre la musique classique au 21e siècle, en la rendant plus accessible, plus diversifiée et plus inspirante pour les musiciens et les auditeurs du monde entier.